Alors qu’en 1855, messieurs George Bissell et Jonathan Eveleth apprennent que le pétrole qu’on trouve très facilement dans le Nord-Est des États-Unis, en Pennsylvanie, et qui était utilisé jusque-là par les Indiens et les premiers colons pour l’éclairage, pouvait fournir du pétrole lampant par distillation, en Afrique occidentale, les premiers pays à prendre connaissance de leurs ressources sont le Gabon et le Cameroun dans les années 1930-1940.
Suivront l’Angola et le Nigeria1. Et plus tardivement dans le golfe Persique, où les premiers gisements sont exploités dès la première décennie du XXe siècle2.
Le pétrole en Afrique du Nord est découvert dans les années 1950. L’Algérie et la Libye, qui sont respectivement troisième et quatrième producteurs africains en 2017 après le Nigeria et l’Angola3, découvrent leurs premiers gisements en 1956.
Un producteur modeste : l’Afrique représentait 6% des réserves mondiales en 2000 et 7,6% aujourd’hui pour un peu plus de 9% de la production mondiale même si la moitié des 14 pays membres de l’Opep, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, sont aujourd’hui africains.
Si son poids dans la production mondiale paraît secondaire, il n’en est pas moins devenu stratégique : depuis 2010, presque un tiers des découvertes de nouveaux gisements de pétrole ont été faites en Afrique.
Le continent était devenu « un acteur de stature de mondiale ». Le pétrole africain est intéressant à plus d’un titre : de bonne qualité, avec des coûts d’exploitation compétitifs, il est en outre largement destiné à l’exportation (à 90% environ) dans un continent qui en consomme, pour le moment, finalement peu.
On recense plus de 10 pays producteurs (4) tels que le Nigeria, qui, avec une production pétrolière de plus de 2 037 000 barils par jour, est incontestablement le premier producteur de pétrole d’Afrique.
L’Angola dont la production pétrolière angolaise est estimée à 1 707 000 barils par jour. Ce qui en fait, le deuxième producteur de pétrole en Afrique.
La Libye se classe quatrième producteur de pétrole d’Afrique avec une production journalière d’environ 852 000 barils.
Classé cinquième producteur de pétrole d’Afrique, l’Egypte produit environ 653 000 barils par jour.
Le Congo (Brazzaville) est classé sixième avec 354 000 barils produit par jour.
Avec une production journalière d’environ 206 000 barils, la Guinée Équatoriale est classée septième producteur de pétrole d’Afrique.
Classé huitième producteur de pétrole, le Gabon produit environ 198 000 barils de pétrole par jour.
Avec une production de 152 000 barils par jour, le Ghana se classe neuvième producteur de pétrole d’Afrique.
Le Soudan du sud se classe dixième avec une production quotidienne d’environ 150 000 barils.
L’Afrique du Sud se classe onzième avec environ 132 000 barils produits par jour.
Le Chad se classe douzième avec une production pétrolière quotidienne d’environ 130 000 barils.
Avec une production journalière d’environ 105 000 barils, le Soudan se classe treizième.
Le Cameroun se classe quatorzième avec une production journalière d’environ 81 000 barils.
Avec une production journalière d’environ 55 000 barils, la Côte d’ivoire se classe quinzième producteur de pétrole d’Afrique.
La Tunisie se classe seizième avec une production journalière d’environ 38 000 barils.
Le Congo se classe dix-septième avec une production journalière d’environ 19 000 barils.
Avec une production journalière d’environ 11 000 barils, le Niger se classe dix-huitième producteur de pétrole d’Afrique.
Les autres pays qui ne figurent pas dans le Classement des pays producteurs de pétrole en Afrique ont encore une production faible.
« L’Afrique monte en puissance »
L’Afrique pèse encore peu dans les échanges pétroliers et gaziers mondiaux, mais comme le souligne le rapport Arcadia (5), consacré aux matières premières africaines, le continent monte en puissance avec plus d’une demi-douzaine de nouveaux pays producteurs d’hydrocarbures d’ici quatre ans.
Ouganda, Kenya, Sénégal, Mauritanie, Mozambique, Tanzanie et Afrique du Sud. Sept nouveaux pays africains vont d’ici 2023 devenir producteurs, voire exportateurs de pétrole et de gaz, souligne Francis Perrin, auteur du chapitre pétrolier du rapport Arcadia 2019 sur l’Afrique et les marchés mondiaux de matières premières.
La carte pétrolière de l’Afrique se modifie. L’industrie pétrolière s’est longtemps concentrée sur l’Afrique centrale, elle a depuis ouvert de nouveaux fronts en Afrique du Nord et dans le golfe de Guinée. Désormais, c’est le tour de l’Afrique orientale et australe.
Ce que confirme la découverte, encore à évaluer, de pétrole et de gaz à la fin de l’année dernière au large de l’Afrique du Sud. Un pays que Total qualifie de « nouvelle province » gazière et pétrolière « de dimension internationale ». Enfin, après l’exploitation des hydrocarbures à terre en Algérie, place à l’exploration en mer, un projet de la compagnie nationale Sonatrach, de l’Italien Eni et du Français Total.
Les compagnies étrangères privées s’associent de plus en plus aux compagnies nationales africaines sur les nouveaux projets. Mais aussi aux compagnies nationales non africaines.
Qatar Petroleum s’illustre particulièrement dans ces coopérations tripartites en Afrique. La compagnie nationale qatarienne est présente au Mozambique, en Afrique du Sud, au Congo et au Maroc aux côtés de l’Italien Eni, de l’Américain ExxonMobil, ou du Français Total.
«La volatilité des prix du pétrole »
Le pétrole est un levier de croissance à risque pour certains pays africains car il peut devenir une locomotive pour l’économie.
En Angola par exemple, l’exploitation pétrolière a favorisé le boom économique fulgurant du pays. La rente pétrolière représente 50% de son PIB.
L’Angola a connu une croissance de 4,5% en 2014. Ainsi, la cinquième puissance économique africaine attire les grandes entreprises étrangères comme Total qui extrait 40% du pétrole angolais et qui a signé un accord avec l’entreprise pétrolière angolaise Sonangol concernant l’ouverture de stations-service en Angola. Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) d’octobre 2014(6), « l’Angola devrait même prendre la place du Nigeria comme premier producteur de pétrole du continent africain en 2016 et (…) conserver cette place jusqu’à la mi-2020. »
Toutefois, tout est soumis au cours des matières premières. En l’occurrence, la situation actuelle de baisse spectaculaire des prix du baril fait courir un risque de grande ampleur pour l’Afrique exportatrice de brut.
D’ores et déjà, la chute des cours (de plus de 100 dollars à l’été 2014, le baril est tombé à moins de 40 dollars début 2016) a des conséquences désastreuses. Au Nigeria, les revenus des ventes de pétrole ont diminué des deux tiers entre septembre 2014 et juillet 2015. L’Angola connaît la même situation. Ces deux géants exportateurs ont pris contact avec la Banque mondiale pour couvrir leur déficit budgétaire. Le FMI a confirmé sa disponibilité. En février 2016, on apprenait que l’Algérie allait enregistrer un déficit budgétaire de 11% cette année-là.
« Une production recentrée sur les besoins locaux »
Les réajustements de portefeuille s’orientent vers une diminution des prospections au profit de l’exploitation des zones ciblées du fait du déclin des activités de fusions-acquisitions en Afrique.
La part de l’Afrique dans les transactions pétrolières et gazières mondiales est tombée de 16 % à 4 % (7). Ces variations de production impactent l’offre mondiale.
En effet, l’Afrique est confrontée à des hausses de consommation due à des marchés locaux en forte croissance. La consommation de pétrole a augmenté de 2.5 % en Afrique de l’Ouest et Afrique de l’Est. En parallèle, la consommation de gaz a augmenté de 6,8% par rapport à 2016, tirée par les pays d’Afrique du Nord(7).
Un resserrement de l’offre maintiendra probablement les prix à des niveaux élevés et assurera un marché fructueux pour le pétrole et le gaz en Afrique. Ce sera l’occasion pour les pays producteurs africains de maximiser les rendements tout en gardant la main sur la gestion des coûts, ou encore d’investir dans la prospection de nouvelles zones pétrolières et gazières sur le continent.
Il sera tout de même pertinent que les pays africains réinvestissent judicieusement ces rendements dans la diversification de leurs économies.
Notes et références :
- Encyclopaedia Universalis
- « Le pétrole en Afrique- Géopolitique d’un terrain de bataille », diploweb.com
- « Classement des pays africains selon le volume du pétrole produit en 2017 », agence Ecofin
- org
- Rapport Arcadia « Annual Report on Commodity Analystics and Dynamics in Africa »,2019
- org
- Africa Oil and Gaz review, 2019
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